La notion de temps est une des plus fascinantes et énigmatiques de la pensée humaine, oscillant entre philosophie et science. Le temps est-il une réalité objective ou une construction subjective ? Pourquoi semble-t-il s'étirer ou s’accélérer en fonction de notre expérience ? Les éléments de réflexion publiés ici sont destinés à enrichir les recherches sur le phénomène de déjà-vu.
J'effectue des recherches dédiées à l'analyse du concept du temps, mêlant philosophie et science.
Mon objectif est de questionner et d'explorer les différentes perceptions et réalités du temps.
Consultez mes recherches et réflexions publiés sur les phénomènes temporels sur la page Recherche.
Le temps, en tant que concept universellement ressenti mais si difficilement défini, pourrait en effet être vu comme le plus ancien des dogmes — non pas au sens religieux traditionnel, mais au sens d’un postulat fondateur, accepté sans remise en question depuis les origines de la conscience humaine.
Pourquoi le temps serait-il un dogme ?
Il structure toute notre réalité :
Les civilisations ont toujours perçu leur existence à travers une trame temporelle : passé glorifié, présent vécu, avenir redouté ou espéré. On naît dans le temps, on vit dans le temps, et on meurt dans le temps. Ce cadre semble indiscutable, et pourtant…
Il n’est qu’un repère mental :
Bergson distinguait déjà le temps scientifique (mesuré par des horloges) du temps vécu (durée intérieure). Or ce que l’on considère comme "temps" pourrait n’être qu’une interprétation de notre conscience, pas une vérité universelle.
Il est inscrit dans les textes sacrés :
La Genèse débute par une temporalité : "Au commencement…". Le temps est l’un des premiers actes de séparation : lumière/ténèbres, jour/nuit. Et toutes les religions en parlent, le conditionnent, lui donnent une fin, une origine, un cycle, un salut.
Il conditionne nos peurs, nos choix, nos libertés :
La peur du temps qui passe, du futur, de la mort… Cela fait du temps un régulateur de comportements aussi puissant qu’un dogme religieux. C’est lui qui nous pousse à agir, à aimer vite, à fuir, à espérer. Et rares sont ceux qui osent s’y soustraire sans sombrer dans la folie ou la mystique.
Une hypothèse :
Et si le temps n’existait pas objectivement, mais était imposé comme dogme par la conscience collective pour organiser la peur du chaos ? En ce sens, ce serait effectivement le dogme le plus ancien — celui antérieur même aux dieux, car il a fallu que le temps existe pour que les dieux soient créés dans un récit.
Le Soleil, Père du Temps et Premier Dogme
Et si le temps n'était pas une réalité absolue, mais un cadre imposé à l’être vivant par sa limitation physique à suivre la lumière ? Si le rythme solaire était à l’origine non pas d’une vérité, mais d’un conditionnement, si profond qu’il s’est inscrit dans les gènes eux-mêmes ?
Le soleil se lève, puis se couche. Et l’organisme s’ajuste. C’est un fait biologique. Mais à y regarder de plus près, c’est surtout une soumission : le règne du jour et de la nuit, ce balancier immuable que nul ne remet en cause, a imposé aux êtres vivants l’idée d’un début et d’une fin, d’un avant et d’un après.
Faute de pouvoir suivre le soleil à sa course céleste — faute de rapidité, d’ailes, ou d'omniscience — les êtres vivants ont courbé l’échine, adaptant leur métabolisme, leur croissance, leur sommeil, leur reproduction, à ce rythme extérieur devenu intérieur.
Ce que l’on appelle aujourd’hui “temps” n’est peut-être que l’ombre du soleil dans nos cellules, un battement ancestral, hypnotique, auquel aucun végétal, aucun animal, aucun humain n’a jamais pu totalement échapper. Il n’y a pas de liberté temporelle sans fuite de la lumière. Le mythe d’Icare le murmure déjà : vouloir s’émanciper de la course du soleil, c’est risquer la chute.
Ainsi le temps pourrait n’être qu’une illusion biologique, un artefact de la lenteur, un système de croyance hérité du règne solaire. En ce sens, il ne serait pas seulement le plus ancien des dogmes : il serait le premier tyran. Et l’homme moderne, qui croit le maîtriser à coups d’horloges atomiques, ne ferait que répliquer un asservissement originel, transposé du ciel aux machines.
La génétique circadienne : quand le Soleil grave le Temps dans la chair
La science moderne a confirmé que le soleil n’est pas seulement une source de lumière, mais un sculpteur du vivant. Chaque être humain, chaque plante, chaque animal possède une horloge biologique interne — un rythme circadien (du latin circa diem, “environ un jour”) régulé par la lumière du soleil.
Ce rythme n’est pas seulement comportemental : il est génétique. Des gènes horloges, comme CLOCK, PER, CRY, BMAL1, régulent l’alternance veille/sommeil, la température corporelle, la production d’hormones, l’appétit, la mémoire… Ces gènes fonctionnent en boucles de rétroaction complexes, influencées principalement par l'exposition à la lumière.
Mais que se passerait-il si l’on déprogrammait ce rapport fixe au cycle lumière/obscurité ?
Une famille toujours à l’aube : utopie ou transgression temporelle ?
Une famille suivant en permanence le soleil — vivant dans une sorte d’aube perpétuelle, voyageant au rythme de la Terre en rotation, en fuite permanente face à la nuit. Sur le plan biologique, cela signifierait une stimulation continue des gènes de l’éveil, et un bouleversement des rythmes naturels.
Mais sur le plan philosophique, ce serait une tentative d'effacer l'alternance, de rompre le cycle imposé, de sortir du temps linéaire imposé par la nature. C’est une forme de rébellion douce : vivre dans un présent éternel, sans crépuscule, sans lendemain.
Suspendre le temps, est-ce vraiment l’effacer ?
Suivre le soleil ne détruirait peut-être pas le temps, mais le rendrait asymptotique : toujours proche d’un “maintenant” stable, hors du flux commun. Le temps collectif continuerait, mais cette lignée-là vivrait ailleurs — dans une temporalité flottante, au rythme d’un éternel matin. Ce ne serait plus le temps du monde, mais le temps d’un monde propre.
On pourrait observer cette famille sur plusieurs générations :
Leur rapport à la mémoire changerait-il, sans nuit ni rêve ?
Leur langage conserverait-il le passé et le futur ?
Leur psyché s’éloignerait-elle de la mélancolie, ou sombrerait-elle dans une autre forme de déséquilibre ?
Mon projet d'étude sera prochainement présenté sous forme de roman. Cette vision romanesque condensera l'ensemble des données collectées sur la temporalité et une « proposition » permettant d'y échapper.
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