Définitions de la Temporalité.

Définition objective :

TEMPORALITÉ /1

Nom féminin

Étymologie :xive siècle. Emprunté du latin chrétien temporalitas, « durée limitée », lui-même dérivé de temporalis, « qui ne dure qu’un temps ».

■  Didact.

1.  Caractère de ce qui se trouve dans le temps ; façon dont quelque chose s’organise dans le temps. Temporalité linéaire, cyclique. Étudier les marques de temporalité dans un texte.

2.  Capacité à se situer dans le temps. Les troubles de la temporalité.

01

TEMPORALITÉ /2

Définition philosophique :

Pour le philosophe, la temporalité est le plus souvent conçue comme la manifestation d'une logique historique et continue passé, présent et futur. Les découvertes scientifiques, en particulier celle d'Einstein, ont poussé les philosophes à revoir cette notion immuable du temps.

Descartes affirme que le temps de ma vie peut être divisé en une infinité de parties montre bien qu'il conçoit le temps comme continu. faire de la durée avec des instants ponctuels qui sont privés de toute durée.

Selon Platon, le temps est une œuvre engendrée par le démiurge. Pour Plotin, dans le monde intelligible (νοητός) il existe une entité objective qui se temporalise. La question qui surgit est la suivante: cette temporalité, par laquelle l'entité manifeste son activité, peut-elle être conçue comme l'âme du monde?

Selon Kant, le temps dont la forme ou l'essence est la succession est une création de l'esprit humain. C'est ce que Kant affirme au paragraphe 6 de l'“ Esthétique transcendantale ” : “ le temps n'est pas quelque chose qui existe en soi, ou qui soit inhérent aux choses comme une détermination objective ”

Selon Socrate, le temps est une propriété de la nature. Néanmoins il reconnaît que, le temps étant nombre, il ne peut exister que dans l'âme et par l'âme car les nombres n'ont de réalité qu'intelligible ou mentale.

Selon Bergson, le sens traditionnel du mot "durée" désigne la quantité de temps entre un instant et un autre. Henri Bergson renverse cet usage et désigne la durée comme l'expérience de la succession dans sa continuité : un temps irréductible à l'espace.

Selon Aristote, dans Physique, Aristote définit sa notion du temps. Il décrit le monde comme étant en devenir, puisque la nature est constamment en mouvement, tout change perpétuellement. Le temps est donc le moteur de la vie. Aristote écrit que le temps est "le nombre du mouvement selon l'avant et l'après".

Selon Heidegger, L'homme est un être temporel, et chercher à saisir l'être à partir de l'homme nous amènera donc à rencontrer le temps. Le lien entre l'être et le temps est le suivant : L'être n'est jamais saisissable que du point de vue du temps .

Chacune de ces pensée demandent naturellement à êtres approfondies. Il ne s'agit ici que de courts résumés de le pensée individuelle de ces grands philosophes.

La thèse d'Augustin est que le temps est un être évanescent qui ne se donne qu'au présent et qui n'a d'existence que dans la conscience de l'homme.

Saint Augustin n'a pas directement théorisé la sensation de déjà-vu telle que nous la comprenons aujourd'hui, mais il a développé une réflexion sur le temps, la mémoire et la perception qui peut éclairer ce phénomène.

1. La mémoire et la réminiscence

Dans Les Confessions (Livre X), Augustin explore le fonctionnement de la mémoire. Il la conçoit comme une vaste "maison aux trésors" où sont stockés souvenirs et expériences passées. Il distingue trois types de mémoire :

  • Mémoire des expériences passées (ce que nous avons vécu réellement).
  • Mémoire des choses apprises .
  • Mémoire des émotions et impressions (plaisirs, douleurs).

Il évoque aussi la réminiscence : cette sensation étrange de se souvenir de quelque chose sans en retrouver précisément l'origine. Cela pourrait correspondre, dans une interprétation moderne, au déjà-vu : une impression de familiarité sans cause identifiée.

2. Le temps et la perception de l'instant

Dans Les Confessions (Livre XI), Augustin développe une réflexion célèbre sur la nature du temps. Il explique que le présent est insaisissable, car l'instant où l'on pense le saisir, il est déjà passé. Cette perception du temps vécu pourrait expliquer certaines impressions de déjà-vu : une confusion entre ce qui est en train de se passer et ce qui semble déjà inscrit dans la mémoire.

Il a écrit :

"Il n'y a donc pas trois temps, passé, présent et futur, mais peut-être seulement trois modalités du présent : le présent du passé (la mémoire), le présent du présent (la perception immédiate) et le présent du futur (l'attente)."

Cela signifie que notre conscience du temps est fondée sur une reconstruction mentale et non sur une réalité objective, ce qui peut expliquer pourquoi certains événements actuels nous semblent étrangement déjà vécus.

3. La connaissance de l'âme avant la naissance

Dans De la Trinité (Livre XII, chap. 15-16), Augustin aborde la question de la connaissance innée. Il considère que l'âme humaine a une connaissance divine antérieure à la vie terrestre, mais qu'elle l'a oubliée en s'incarnant. Certaines impressions étranges, comme le déjà-vu, pourraient être interprétées comme des résurgences d'un savoir oublié.

Cela rejoint la théorie platonicienne de la réminiscence (exposée dans le Ménon ), selon laquelle toute connaissance est un souvenir d'une vérité universelle que l'âme a contemplée avant de s'incarner.

Conclusion : une perception du temps fragmentée

Saint Augustin ne parle pas clairement du déjà-vu, mais ses réflexions sur la mémoire, le temps et la connaissance oubliée ouvrent des pistes d'interprétation. Le déjà-vu pourrait être :

  • Une confusion entre mémoire et perception immédiate.
  • Un trouble dans la conscience du temps.
  • Une réminiscence d'une connaissance antérieure oubliée.

Nous allons tenter, sur cette dernière définition de Saint Augustin, de rapprocher ces réflexions philosophiques à celles des scientifiques et celles, souvent très proches, des artiste depuis Pablo Picasso.

 

02

TEMPORALITÉ /3

Définition scientifique :

Pour la science, le temps est une mesure de l'évolution des phénomènes. Dans le cadre de la théorie de la relativité, le temps est relatif (il dépend de l'observateur, avec quelques contraintes), et l'espace et le temps sont intimement liés, au point de se permuter partiellement l'un et l'autre dans plusieurs cas.

Selon Albert Einstein, temps, espace et matière sont intimement liés. Plus encore, elle inverse le point de vue habituel : ce ne sont plus le temps et l'espace qui sont le cadre des phénomènes mettant en jeu la matière, mais les corps qui influent principalement sur le temps et l'espace.

 

03

Le temps, en tant que concept universellement ressenti mais si difficilement défini, pourrait en effet être vu comme le plus ancien des dogmes — non pas au sens religieux traditionnel, mais au sens d’un postulat fondateur, accepté sans remise en question depuis les origines de la conscience humaine.

Pourquoi le temps serait-il un dogme ?

Il structure toute notre réalité :
Les civilisations ont toujours perçu leur existence à travers une trame temporelle : passé glorifié, présent vécu, avenir redouté ou espéré. On naît dans le temps, on vit dans le temps, et on meurt dans le temps. Ce cadre semble indiscutable, et pourtant…

Il n’est qu’un repère mental :
Bergson distinguait déjà le temps scientifique (mesuré par des horloges) du temps vécu (durée intérieure). Or ce que l’on considère comme "temps" pourrait n’être qu’une interprétation de notre conscience, pas une vérité universelle.

Il est inscrit dans les textes sacrés :
La Genèse débute par une temporalité : "Au commencement…". Le temps est l’un des premiers actes de séparation : lumière/ténèbres, jour/nuit. Et toutes les religions en parlent, le conditionnent, lui donnent une fin, une origine, un cycle, un salut.

Il conditionne nos peurs, nos choix, nos libertés :
La peur du temps qui passe, du futur, de la mort… Cela fait du temps un régulateur de comportements aussi puissant qu’un dogme religieux. C’est lui qui nous pousse à agir, à aimer vite, à fuir, à espérer. Et rares sont ceux qui osent s’y soustraire sans sombrer dans la folie ou la mystique.

Une hypothèse :

Et si le temps n’existait pas objectivement, mais était imposé comme dogme par la conscience collective pour organiser la peur du chaos ? En ce sens, ce serait effectivement le dogme le plus ancien — celui antérieur même aux dieux, car il a fallu que le temps existe pour que les dieux soient créés dans un récit.

Le Soleil, Père du Temps et Premier Dogme

Et si le temps n'était pas une réalité absolue, mais un cadre imposé à l’être vivant par sa limitation physique à suivre la lumière ? Si le rythme solaire était à l’origine non pas d’une vérité, mais d’un conditionnement, si profond qu’il s’est inscrit dans les gènes eux-mêmes ?

Le soleil se lève, puis se couche. Et l’organisme s’ajuste. C’est un fait biologique. Mais à y regarder de plus près, c’est surtout une soumission : le règne du jour et de la nuit, ce balancier immuable que nul ne remet en cause, a imposé aux êtres vivants l’idée d’un début et d’une fin, d’un avant et d’un après.

Faute de pouvoir suivre le soleil à sa course céleste — faute de rapidité, d’ailes, ou d'omniscience — les êtres vivants ont courbé l’échine, adaptant leur métabolisme, leur croissance, leur sommeil, leur reproduction, à ce rythme extérieur devenu intérieur.

Ce que l’on appelle aujourd’hui “temps” n’est peut-être que l’ombre du soleil dans nos cellules, un battement ancestral, hypnotique, auquel aucun végétal, aucun animal, aucun humain n’a jamais pu totalement échapper. Il n’y a pas de liberté temporelle sans fuite de la lumière. Le mythe d’Icare le murmure déjà : vouloir s’émanciper de la course du soleil, c’est risquer la chute.

Ainsi le temps pourrait n’être qu’une illusion biologique, un artefact de la lenteur, un système de croyance hérité du règne solaire. En ce sens, il ne serait pas seulement le plus ancien des dogmes : il serait le premier tyran. Et l’homme moderne, qui croit le maîtriser à coups d’horloges atomiques, ne ferait que répliquer un asservissement originel, transposé du ciel aux machines.

La génétique circadienne : quand le Soleil grave le Temps dans la chair

La science moderne a confirmé que le soleil n’est pas seulement une source de lumière, mais un sculpteur du vivant. Chaque être humain, chaque plante, chaque animal possède une horloge biologique interne — un rythme circadien (du latin circa diem, “environ un jour”) régulé par la lumière du soleil.

Ce rythme n’est pas seulement comportemental : il est génétique. Des gènes horloges, comme CLOCK, PER, CRY, BMAL1, régulent l’alternance veille/sommeil, la température corporelle, la production d’hormones, l’appétit, la mémoire… Ces gènes fonctionnent en boucles de rétroaction complexes, influencées principalement par l'exposition à la lumière.

Mais que se passerait-il si l’on déprogrammait ce rapport fixe au cycle lumière/obscurité ?

Une famille toujours à l’aube : utopie ou transgression temporelle ?

Une famille suivant en permanence le soleil — vivant dans une sorte d’aube perpétuelle, voyageant au rythme de la Terre en rotation, en fuite permanente face à la nuit. Sur le plan biologique, cela signifierait une stimulation continue des gènes de l’éveil, et un bouleversement des rythmes naturels.

Mais sur le plan philosophique, ce serait une tentative d'effacer l'alternance, de rompre le cycle imposé, de sortir du temps linéaire imposé par la nature. C’est une forme de rébellion douce : vivre dans un présent éternel, sans crépuscule, sans lendemain.

Suspendre le temps, est-ce vraiment l’effacer ?

Suivre le soleil ne détruirait peut-être pas le temps, mais le rendrait asymptotique : toujours proche d’un “maintenant” stable, hors du flux commun. Le temps collectif continuerait, mais cette lignée-là vivrait ailleurs — dans une temporalité flottante, au rythme d’un éternel matin. Ce ne serait plus le temps du monde, mais le temps d’un monde propre.

On pourrait observer cette famille sur plusieurs générations :

Leur rapport à la mémoire changerait-il, sans nuit ni rêve ?

Leur langage conserverait-il le passé et le futur ?

Leur psyché s’éloignerait-elle de la mélancolie, ou sombrerait-elle dans une autre forme de déséquilibre ?

Mon projet d'étude sera prochainement présenté sous forme de roman. Cette vision romanesque condensera l'ensemble des données collectées sur la temporalité et une « proposition » permettant d'y échapper.

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.